lundi 14 octobre 2019

La satisfaction de l'entraîneur!

Bonjour à tous,

cela faisait longtemps que je devais faire un petit article sur ma fonction d'entraîneur.

En effet, lorsque j'ai commencé à passer mes diplômes d'entraîneur à la FFA, j'ambitionnais d'une part de partager mon expérience au sein du club de Pérols Footing mais aussi de pouvoir intégrer le staff de l'équipe de France des 24 heures... J'y ai fait de belles rencontres avec notamment les cadres formateurs de la FFA qui ont su partager leurs connaissances en la matière.
Chloé COENYE et Raphaël GERARDIN sélectionnés en équipe de France 2019 des 24 heures.

Mais avant cela petit retour en arrière!

Je cours des épreuves de longue distance depuis l'âge de 16 ans avec une première participation aux 100km de Millau en 1985. A cette époque datant du siècle dernier, les publications en matière d'entraînement étaient rares .. Aussi, je me considère comme un autodidacte à mes débuts en course à pied.

Anne Cécile rencontrée en 1992 s'est mise à la course à pied en 1996 pour nous permettre de partager ensemble une activité... Nous n'avions ni l'un, ni l'autre, la moindre idée de ce qu'il allait advenir en terme de résultats sportifs.

J'ai fait l'acquisition d'un livre sur l'entraînement rédigé par Bernard BRUN, qui était à cette époque l'entraîneur de Thierry PANTEL dont seuls les "anciens" comme moi ont le souvenir des exploits sportifs réalisés. Je m'abonne aussi à VO2 Magazine afin d'en savoir davantage sur la manière de s'entraîner.

Plus tard en 2005, je fais la rencontre de Bruno HEUBI lors de son projet de meneurs d'allures sur l'épreuve des 100km de Millau. Une rencontre riche de conséquences à titre personnel...

Je viens sur le 24h en 2006, sous l'impulsion de Stéphane HALBAUT, un ami du club.
Le virus est transmis! Et comme nous vivons ensemble au quotidien, je le transmets rapidement à Anne Cécile qui a déjà prouvé par ses résultats sur 100 km des qualités hors du commun et je me doutais que l'équipe de France était faite pour elle. A aucun moment, nous aurions pu prédire qu'elle serait double Championne du Monde et d'Europe à titre individuel.

Moi même en recherche d'amélioration de la performance sur 24 heures, je m'essaie à différentes façons d'aborder les compétitions jusqu'à ce que je trouve celle qui me conviendra. Je peux dire sans vouloir paraître prétentieux que j'ai été le précurseur de l'alternance (Course/Marche) sur les épreuves de 24  heures dans le cadre des compétitions de niveau international. Cette méthode de l'alternance course/marche appelée couramment Cyrano (pseudo de Jean Marc DEWELLE rencontré dans les années 2055-2006) nous convient à Anne Cécile comme à moi même. Il en va de même pour notre protocole de ravitaillement que nous avons su améliorer au fil des compétitions et qui fera des émules quelques années plus tard.

En 2008, je m'occupe toujours de l'entraînement d'Anne Cécile qui obtient sa première sélection en équipe de France des 24h pour les championnats du Monde à Séoul. Elle rentrera de ces championnats avec un titre de Vice-championne du Monde des 24 heures et Championne du Monde par équipe avec notamment Anne Marie VERNET, et Brigitte BEC respectivement 1ère et 3ème de ces Mondiaux. Un résultat exceptionnel pour l'équipe de France!
Premier podium international pour Anne Cécile. Championnat du Monde 2008 de 24 heures à Séoul.

Côté entraîneur, je fais la rencontre en 2008 de Jean François PONTIER, alors Manager général du hors stade au sein de la FFA. Anne Cécile et moi décidons de laisser à Jef le soin de nous prendre en charge pour nos entraînements futurs mais nous conservons notre liberté sur la manière de gérer nos compétitions des 24 heures. Jef approuve notre  alternance Course/Marche et finit lui aussi par la proposer à d'autres athlètes qu'il entraînera par la suite.

Grâce à un entraînement à la fois calibré et parfaitement ciblé établi, Jean François nous fait notamment découvrir les séances de VMA sur piste; c'est à la fois une nouveauté et une réussite pour des coureurs lambdas non issus de la filière athlétisme dite classique. Anne Cécile parvient à obtenir en 2009 un titre de Championne d'Europe et du Monde ainsi que le record de France  avec 243,644km à Bergame, une place de 12ème mondial est de 1er français alors que je courrais en "open"  puis quelques mois plus tard, une première marque de sélection en équipe de France en ce qui me concerne pour l'année suivante.

2010, nouveau titre de Championne d'Europe et du Monde pour Anne Cécile sur 24 heures et une 14ème place et un titre de Vice Champion d'Europe par équipe à titre personnel. La présence de notre famille proche à nos côtés durant ces championnats se déroulant à Brive est sans nul doute l'un de mes meilleurs souvenirs.
Nos enfants sont submergés par l'émotion ce jour là, quelques minutes avant le départ des championnats du Monde 2010. 

En 2011, j'améliore ma marque sur 24h et passe "enfin" la barre des 250km en avril lors des Championnats de France où je termine 3ème derrière Jean Marc BORDUS et Ludovic DILMI. En décembre à TAIWAN, j'atteins sur piste mon RP avec 254,762km avec une course quasi parfaite pour moi en terme de gestion.
Anne Cécile sera titrée au niveau National sur 100km sur le parcours des étangs de Sologne en 7h59'06, je battrai ce jour là mon RP en 7h55...

Gestion de course TAIWAN (2011)
Objectif visé par rapport à vitesse départ
Ecart Vitesse 0h-6h et 18-24h en km/h                           
Ecart performance visée et résultat en km
                                               0-6h             6-12h          12-18h       18-24h                               Cumul         VIT Moy/24h
Emmanuel  FONTAINE       10,8             10,8             10,6             10,23          0,57             254,5km (10,6km/h)

   Pour info : Différentiel =     Vitesse Moyenne 3 premières heure – Vitesse moyenne /24h                                                
                                                                               D = 10,8 – 10,6 =    0,2                                        259,2km -254,5km = - 4,7km

En 2012, j'obtiens une 8ème place individuelle aux Championnats du Monde de 24h et un double titre de Vice champion d'Europe et du Monde par équipe. Anne Cécile abandonnera suite à des fractures de fatigue au niveau des pieds.

Notre "carrière internationale" cessera en 2013 avec un nouveau titre national pour Anne Cécile sur 100km et un abandon en ce qui me concerne à Steenbergen lors des championnats du Monde de 24h étant donné l'absence de championnats en 2014 pour lesquels j'étais encore sélectionnable.

Jef PONTIER a toujours été présent à nos côtés sur les grands rendez-vous, à chaque compétition, et je prends pleinement conscience que la place de l'entraîneur au côté de l'athlète est primordiale dans la réussite sportive.

Pendant ma carrière "d'athlète amateur pratiquant une discipline à haut niveau", en 2011, je commence donc à me former en tant qu'entraîneur et passe avec succès mes premiers diplômes FFA. De plus, j'échange régulièrement avec les cadres de l'équipe de France ; Philippe PROPAGE, Frédéric BARREDA et évidemment Jean François PONTIER qui m'apportent leur expertise.

En 2015, suite au départ de Philippe PROPAGE qui souhaite se consacrer exclusivement à l'équipe de France de Trail et de Montagne, je postule sur le poste d'entraîneur laissé vacant. Ma candidature ayant été retenue, je suis heureux et satisfait de pouvoir continuer à partager mon expérience auprès des meilleurs athlètes nationaux et de poursuivre la belle aventure de l'équipe de France de 24 heures.

J’entraînerai jusqu'en 2019 de manière globale les athlètes du club de Pérols Footing. En parallèle, j'entraîne "à distance" au fil des années de nombreux athlètes rencontrés sur les compétitions et désireux de progresser sur les épreuves de longues distances, mais aussi sur des courses de 10km, semi, marathon et trail. Je conserve précieusement en archive les nombreux plans d'entraînement établis individuellement  pour tous les athlètes qui m'ont fait et me font encore confiance et ce quelque soit leur niveau de pratique.

En particulier, j'ai envie de citer  Chantal TREGOU, Stéphanie DESSARTINE, Raphaël GERARDIN et Chloé COENYE, tous sélectionnés en équipe de France de 24 heures, mais aussi Steeve GAULT qui progresse régulièrement sur 24 heures et dernièrement Pierre Antoine RUEL qui devrait selon moi performer à très haut niveau sur 100km.

Je suis régulièrement sollicité par des athlètes pour m'occuper d'eux; hélas, je ne peux répondre favorablement à chacun car je tiens à préciser que j'entraîne depuis toutes ces années à titre gracieux et que les heures passées à faire du suivi individualisé sont prises sur mon temps libre. Tout comme mes interventions en équipe de France, et je tiens à le préciser, sont faites à titre bénévole. J'ai pour habitude de dire que "personne ne me l'impose";   je le fais par passion et pour rendre à l'athlé ce que l'athlé m'a permis et me permet encore de vivre aujourd'hui. Mais comme me l'ont dit certaines personnes impliquées dans le milieu sportif de haut niveau, j'ai des compétences, une expérience et un savoir faire en matière d'entraînement qui m'autorisent à présent à voir les choses peut être différemment.

A ce jour, je ne prétends pas avoir "la bonne méthode d'entraînement" pour progresser sur les épreuves de longue distance en course à pied car ce qui fonctionne chez l'un est susceptible de ne pas convenir chez l'autre et puis chaque athlète a ses propres pré-dispositions et ses propres capacités physiques et physiologiques. Sans oublier bien évidemment les capacités ou plutôt l'approche mentale qui est un facteur essentiel de la réussite sur les épreuves de 24 heures. En revanche, il y a des points d'amélioration de la performance qui sont des incontournables. De nombreux athlètes appliquent les principes de l'entraînement et la manière d'aborder les compétitions qui étaient les notre; les résultats sportifs de ces athlètes sont probants sur 24 heures. Il suffit de constater les progressions de chacun; Raphaël GERARDIN, Chloé COENYE, Steeve GAULT et d'autres encore en sont de parfaits exemples.

Au moment où j'écris ces quelques mots, la performance du premier homme à passer sous la barre des deux heures sur marathon est sur le point d'être réalisée avec des sommes financières engagées astronomiques. Au même instant se courent les Championnats de France de 100km à Amiens dans le plus grand anonymat  avec  notamment Jérôme BELLANCA qui va remporter son quatrième titre de Champion de France de 100km. Là, pas la moindre prime à l'arrivée mais une seule satisfaction personnelle pour chaque athlète.

Cette satisfaction personnelle, je l'ai éprouvée en tant qu'athlète à maintes reprises mais aussi en tant qu'entraîneur lorsque les athlètes dont je m'occupe atteignent leurs objectifs sportifs. Il en va de même pour les athlètes de l'équipe de France de 24 heures avec lesquels nous partageons des valeurs profondément humaines et sportives.

Vidéo de Brive 2019 à la fin des 24 heures. 

Dans moins de deux semaines à présent, un gros défi attend l'équipe de France des 24 heures à, l'occasion des Championnats du Monde 2019 les 26 et 27 octobre prochain à Albi. Championnats qui regrouperont plus de 350 athlètes hommes et femmes issus de 45 nations.

Emmanuel FONTAINE





mardi 24 septembre 2019

Equipe de France 2019 des 24 heures




Athlètes : Patrick RUIZ, Stéphanie GICQUEL, Chloé COENYE, Valentin COSTA, Corinne GRUFFAZ, Christelle BOURREAU, Erik CLAVERY, Stéphane RUEL, Raphaël GERARDIN, Laurence NOEL, Anne Marie VERNET et Ludovic DILMI.

Equipe de France de 24 heures : objectif Championnats du Monde.

Du 21 au 26 septembre 2019 à Andrézieux dans la Loire, les athlètes ayant été sélectionnés en équipe de France 2019 de 24 heures se retrouvent en stage de préparation pour les championnats du Monde 2019 de la discipline.  Ces derniers se dérouleront du 26 au 27 octobre prochain à Albi (Tarn).
Douze athlètes (six femmes et six hommes) participent à cette semaine d’entraînement concoctée par les sélectionneurs nationaux sous la responsabilité de Patrice Binelli, référent national Running à la FFA.
Il est important de regrouper les athlètes de cette équipe de France 2019 renouvelée aux deux tiers pour notamment fixer les objectifs et fédérer les athlètes et le staff.

Au programme de ce stage établi cinq semaines avant la compétition internationale : de nombreuses séances d’entraînement (environ 200km sur 6 jours), des soins kiné, une visite médicale et des réunions pour l’aspect organisationnel de ces Championnats du Monde 2019 de 24 heures. 

Programme de la semaine :

Samedi 21/09 : 
Test VMA (VAMEVAL) ou footing 1h30

Dimanche 22/09 :
Matin : footing 2h30
Après-midi : EMA footing 1h dont 15' à 83/85%

Lundi 23/09 :
Matin au réveil : 1h footing
Matinée : 1h à VS24
Après-midi : VMA 10 x 2' à 93/95% récup 1' (filles) 8 x 3' à 90% récup 1'15 (hommes)

Mardi 24/09 :
Matin : footing 1h30 dont 1h à allure course 24h
Après-midi : footing 1h30 dont 30' à allure course 24h

Mercredi 25/09 : 
Sortie Longue 5h à VS24

Jeudi 26/09 : 
EMA footing 1h dont 2 x 10' à 83/85% récup 3


mercredi 5 juin 2019

Championnat de France 2019 des 24 heures

24h de Brive, édition 2019. 

Une fois encore, la grande famille de la circadie s'est retrouvée en ce long week-end de l’ascension à l'occasion du championnat de France 2019 à Brive.
Cette course était notamment la compétition servant de support aux dernières places qualificatives pour intégrer l'équipe de France 2019 des 24 heures avec un minima de 247 km chez les hommes et 207 km pour les féminines.

Je me suis rendu à Albi à double titre; en tant que sélectionneur de l'équipe de France avant tout mais aussi en tant qu'entraîneur de Pérols Footing. J'ai bien évidemment eu plaisir à retrouver les autres membres du staff de l'équipe de France. Nous avons eu les honneurs cette fois de la télévision avec un reportage de France 3 Limousin.

Contrairement à 2018 où le club de Pérols Footing terminait vice champion de France par équipe, nous n'avons cette fois pas pu engager d'équipe. En revanche, Chloé COENYE était bien préparée pour espérer gagner sa sélection dans le groupe des filles; pour cela Raphaël GERARDIN, Mathieu SPAETH et Philippe CATINAUD sont venus l'aider pour son ravitaillement (Merci à vous les gars!)






Je suivais également Steeve GAULT dont je m'occupe au niveau de l'entraînement depuis plusieurs années dont l'objectif était d'améliorer sa marque de 213km après plusieurs tentatives infructueuses. Steeve étant accompagné une fois encore sa team familiale (maman, oncle, nièces et ami).















Ils étaient donc prêt de 200 athlètes à prendre le départ de cette compétition.
Les conditions de course étaient plutôt satisfaisante côté météo; pas ou peu de vent, une température en journée pas trop élevée et de bonnes conditions la nuit. Bref, une météo propice à la performance selon moi.

Cette compétition aura été pleine de rebondissements en tête de course et notamment pour les hommes. De nouveaux athlètes sont apparus comme Benoît POTELLE, Jérôme CHARTON, mais c'est l'expérience qui a parlé au final avec la victoire et le titre pour Patrick RUIZ, membre de l'équipe de France depuis 2016 et déjà titré cette même année, devant Valentin COSTA 2ème et et Frédéric BRUNO 3ème. Le podium étant complété par Piero LATTARICO, Steeve GAULT et Rudy WEDLARSKI.

Chez les féminines, Corinne GRUFFAZ s'est largement imposée devant Anne Marie VERNET 2ème et Laurence NOEL 3ème au coude à coude, suivie de prêt par Chloé COENYE. Ces quatre athlètes ayant ainsi gagné leur ticket pour intégrer l'équipe de France 2019 avec pour objectif le championnat du Monde 2019 qui se disputera en octobre prochain dans la cité Albigeoise.

En équipe c'est de Club de Boulogne sur Mer cher à Thierry DOURIEZ  qui l'emporte devant Villenave d'Ornon et Vichy.

Comme à chaque fois, un grand plaisir à me retrouver auprès des athlètes présents et de leurs accompagnateurs. La joie également de retrouver celles et ceux qui ont connu par le passé l'équipe de France des 24 heures. J'ai pendant 24 heures non stop beaucoup "navigué" entre les écrans du chronométrage, les tables de ravitaillement et les différents point du circuit long de 1137,35 mètres. Beaucoup de sollicitations en ce qui nous concerne Fred BARREDA, Patrice BINELLI et moi même ainsi que la kiné de l'équipe de France,  Cindie DECHAMBRE avec les élèves kinés en poste sur l'organisation. Un petit moment de détente tout de même offert par Daniel CUEILLE, "la bible" du 24 heures en France.

Un enjeux particulier pour Chloé et pour Steeve. Mais le résultat et la satisfaction personnelle sont bien présents. Merci à vous deux d'avoir réalisé ce pourquoi vous vous étiez préparés durant les nombreuses séances d'entraînement. Et merci au meilleur ami de Steeve pour cette petite vidéo qui relate toute l'émotion ressentie à l'issue de l'épreuve.







Le monde de la circadie est magique mais aussi parfois cruel, et en particulier pour les ex-membres de l'équipe de France avec lesquels j'ai pu par le passé partager de grands moments. Des pensées particulières pour Nathalie DERAULT qui n'a pu aller au bout sans encombre, tout comme Nathalie ZIMMER qui n'abandonne jamais malgré la difficulté,  mais aussi Karine ZEIMER qui avait fait le choix de ne pas se remettre en course cette fois, ou encore Guillaume LAROCHE qui n'a pu tenter sa chance pour cause de blessure, Sylvie PEUCH chez elle, qui une fois encore est allée au bout de son énième 24h, Thierry GARDENT qui n'a pu obtenir sa sélection, Christine BIANCHI ZANCONATO qui a tout donné et même au delà malgré une blessure dans l'espoir de renouer avec la sélection, Stéphane RUELvice champion d'Europe 2018,  accompagné par ses deux garçons talentueux Pierre Antoine et Guillaume, était également sur place mais n'as pu cette fois aller au bout de ce 24h, ceci ne changeant rien pour lui car l'objectif de Stéphane reste le championnat du Monde 2019.

Les résultats complets de ce championnat de France 2019.

L'article publié sur le site de la FFA.

Rendez-vous est pris dans quelques mois à Albi pour une échéance mondiale cette fois. D'ici là, place à la récupération des athlètes dans un premier temps avant d'entamer une nouvelle préparation.




A titre purement personnel , j'ai la grande satisfaction d'avoir pu  amener deux athlètes de Pérols Footing en sélection nationale pour le prochain championnat du Monde avec Chloé COENYE et Raphaël GERARDIN. Merci à vous deux de m'avoir fait confiance, même si cette dernière est réciproque.

Enfin, je terminerai par un grand MERCI à tous ceux qui font partie de la grande famille du 24 heures, athlètes, accompagnateurs, organisateurs, officiels et bénévoles et plus particulièrement les amis qui se reconnaîtront. Un plaisir certain en ce qui me concerne d'avoir à nouveau croisé votre route!

A très bientôt pour une échéance mondiale cette fois.

Emmanuel.


samedi 20 avril 2019

Comment améliorer la performance en ultra-endurance?

Les courses d’ultra-endurance : 100km, 24h et ultra-trail.
Il existe aussi des courses de 6 jours ou 1000km mais ce ne sera pas abordé car la problématique est encore différente.

Les spécificités des épreuves d’ultra-endurance pendant la compétition :
1)      La gestion de l’effort pendant la compétition.
2)      La gestion du ravitaillement.
3)      La gestion de la fatigue (sommeil).
4)      La gestion des conditions de course liées à la météorologie.
5)      Le rôle prépondérant du « ravitailleur ».

GESTION DE L’EFFORT PENDANT LA COMPETITION

Deux aspects essentiels à distinguer en fonction du profil de la course ; il sera plus facile d’être régulier dans son allure de course sur des épreuves de 100km ou 24heures que sur un ultra-trail en raison des caractéristiques du sol et des dénivelés (D+/D-) rencontrés.

100km et 24heures : La gestion de son allure de course est un point essentiel de la réussite en compétition. Cette vitesse spécifique (VS100 ou VS24) sera préalablement définie en fonction de l’objectif de temps (100km) ou de distance (24heures).  Cette VS100/24 sera travaillée à l’entraînement très régulièrement dans le cadre  des sorties longues jusqu’à 50km en préparation d’un 100km ou jusqu’à 6h/8h en préparation d’un 24heures.
Pour ce qui est du 100km un athlète bien préparé sera en capacité de tenir son allure initiale (VS100) du début à la fin de la compétition avec une déperdition de vitesse quasi nulle.
En revanche, sur une épreuve de 24heures, l’objectif est plutôt de maintenir la VS24 le plus longtemps possible et de limiter la déperdition de vitesse dans les dernières heures car cette diminution de vitesse est irrémédiable et notamment en raison d’une assimilation insuffisante de l’apport énergétique par l’organisme pour des raisons physiologiques.  Le pourcentage de la déperdition de vitesse pouvant aller de (de 3 % à plus de 25%) entre la vitesse initiale et la vitesse moyenne à l’arrivée.

Exemples :

Emmanuel FONTAINE 24heures de TAIWAN (2011)
Objectif théorique par rapport à vitesse départ (vitesse de départ  x 24)
Ecart Vitesse 0h-6h et 18-24h en km/h                
Ecart performance visée et résultat en km

Découpage période de 6h.
 0-6h                      6-12h                    12-18h                  18-24h                   Cumul km Vit Moy/24h
Vitesse moyenne par période de 6h
10,8km/h               10,8km/h              10,6km/h               10,23km/h     0,57       254,5km (10,6km/h)

Différentiel =    Vitesse Moyenne 3 premières heure – Vitesse moyenne /24h
                               D = 10,8 – 10,6 =    0,2                    259,2km -254,5km =       - 4,7 km

Erik CLAVERY 24heures d'Albi (2018)
12,65                     11,17                     9,78                       8,77       3,88       254,26km (10,6km/h)
                               D = 13,1 – 10,6 =    2,5                    314,4km -254,269km = - 60,1 km

Il existe d’autres approches dans la gestion de course (départ plus rapide et « advienne ce que pourra ! ») ; on peut voir aussi des athlètes faisant des arrêts réguliers pour s’alimenter en solide.


Ultra-trail : la gestion de l’allure de course dépend essentiellement du dénivelé rencontré et il est donc difficile de donner des lignes directives sur ce point.

GESTION DU RAVITAILLEMENT

Pour être performant sur une épreuve d’ultra-endurance, l’apport hydrique et énergétique est primordial.
Ce ravitaillement est spécifique à chaque athlète et il devra être testé de manière systématique sur les sorties longues lors la phase de préparation.
Le ravitaillement doit être mis en place dès le début de la compétition avec des prises de boissons énergétiques très régulières et quantifiés de manière optimale. Il peut être complété par des apports en aliments « solides » et autres apports en minéraux si ces derniers sont insuffisants dans les boissons dites « d’effort ». (Boire de l’eau permet de s’hydrater mais ne fournit aucun apport sur le plan énergétique).
Un athlète est susceptible de perdre entre 500ml et 1,5l d’eau dans son corps pour une heure d’effort en fonction notamment des conditions de température et d’hygrométrie mais aussi de sa vitesse de course.
Nous savons qu’il est indispensable d’apporter de l’énergie à l’organisme pour reconstituer le stock de glycogène nécessaire au bon fonctionnement des muscles. Une partie de cet apport énergétique est également utilisé en partie pour le travail de digestion et d’assimilation au niveau de l’estomac et des intestins. Ne pas se ravitailler suffisamment sur une épreuve d’ultra-endurance équivaut à une panne sèche en voiture, faute de carburant dans le réservoir.
Selon Nicolas AUBINEAU, diététicien spécialisé :
« Concernant la valeur énergétique à fournir par heure à l'organisme pour les épreuves de longue durée, on est dans une fourchette allant de 500 calories à 1500 calories en moyenne en fonction des caractéristiques spécifiques de l'athlète et des conditions spécifiques du terrain de jeu (température, humidité, dénivelé, nature du sol...). Cela reste des moyennes. Il est vrai ensuite que nous ne pouvons pas rattraper l'énergie dépensée pendant l'effort, de même au niveau de l'hydratation. Tout est intimement lié, notamment, le fait d'être de + en + déshydraté progressivement sur des épreuves de longues durée entraîne un métabolisme cellulaire de moins en moins performant (le métabolisme des cellules étant lié à leur niveau d'hydratation), d'autant plus quand l'acidité se met fortement en place en parallèle. Au fur et à mesure, les capacités de d'assimilation sont diminuées et donc il est très difficile d'équilibrer au niveau énergétique les entrées et les sorties.
Enfin, au niveau pratique, c'est pour cela que l'on préconise le liquide avant le solide qui est beaucoup mieux assimilé. Si on doit apporter de l'énergie en qualité et quantité à l'organisme, le maximum devra se faire via la forme liquide pour minimiser au maximum les écarts d'hydratation, énergétiques et nutritionnels sur la durée. Le solide reste essentiellement un apport d'appoint aux boissons. »

GESTION DE LA FATIGUE

La fatigue sous ces trois formes : fatigue musculaire, mentale et liée au sommeil.
L’athlète de 24 heures sera confronté à cette problématique de la fatigue durant l’épreuve et ce quelque soit sa forme.
La fatigue musculaire est la résultante physiologique d’un effort soutenu et long. Nous avons vu précédemment qu’un apport énergétique régulier durant l’épreuve aura pour conséquence de retarder au maximum les effets de la fatigue musculaire. Les nombreuses heures passées à s’entraîner durant la préparation devrait également permettre à l’athlète de « limiter » les effets de la fatigue musculaire.
La fatigue mentale est étroitement liée à la fatigue musculaire. Sur des épreuves d’ultra endurance, cette fatigue mentale apparaît de manière quasi systématique. L’expérience acquise au fil des compétitions d’ultra-distance permet à l’athlète de mieux appréhender cette fatigue mentale. Certains athlètes bénéficient des services d’un préparateur mental leur permettant ainsi d’utiliser ou de retrouver des ressources mentales lorsque « l’esprit » est entrain de vous lâcher ; on pourrait parler de « positive attitude ». Bien souvent dans les épreuves d’ultra-distance plus que dans toutes autres épreuves, l’athlète durant la compétition passe par des moments de doutes quant à sa capacité à atteindre l’objectif fixé ; il lui faudra malgré la difficulté prendre conscience que s’est un dur moment à passer et que « cela va passer » pour ensuite repartir en laissant derrière soi doutes et craintes de ne pas réussir.
La fatigue liée à l’absence de sommeil est un élément qui peut être totalement différents entre des athlètes de niveau équivalent ou hétérogène. Nous ne sommes pas égaux face à ce besoin physiologique de sommeil. En revanche, il est certain que pour pouvoir réaliser une performance en ultra-distance on ne peut envisager d’aller dormir dès les premiers symptômes de déficit en sommeil. Au niveau de l’équipe de France de 24 heures, certaines athlètes féminines ressentent ce  besoin et sont obligés d’aller dormir quelques minutes durant la compétition. Il a été établi en collaboration avec le médecin de l’équipe de France un protocole permettant à ces athlètes de faire des NAP (entre 10 et 15 minutes de sommeil « profond ») ; ceci permettant ensuite à l’athlète de repartir en course avec une vitesse de course supérieure à celle qu’il aurait eu en voulant lutter contre l’absence de sommeil.
GESTION DES CONDITIONS METEOROLOGIQUES

De par la durée de l’épreuve il faut prendre en considération les possibles changements climatique, il n’est pas rare sur les courses d’ultra endurance d’avoir une amplitude thermique de plus de 15°, Ces conditions peuvent dans certain cas entraîner des coups de chaleurs ou à l’inverse, des coups de froid (qui sont souvent  cause de problèmes gastriques). Le coureur n’aura que rarement anticipé ces variations. Il faut donc que le coach/ravitailleur soit attentif et incite le coureur à se protéger.

LE ROLE PREPONDERANT DU RAVITAILLEUR

Avant d’aborder le ravitaillement durant la course, il est important de parler du coach ravitailleur. Les épreuves d’ultra endurance (100km/24h) ont la particularité de permettre la présence d’un ravitailleur. Il s’agira d’un suiveur vélo sur 100km et d’un coach sur 24h. Ces personnes auront la lourde tâche de ravitailler et de conseiller le coureur dans les zones de ravitaillement. Dans la plupart des cas les coureurs passeront par des moments de doute sur leurs capacités à finir l’épreuve dans l’objectif préparé. Le coach s’assurera du ravitaillement de l’athlète, il  saura trouver les bons mots et devra aussi trouver des solutions alimentaires si l’athlète doit faire face à des problèmes gastriques.

Si le coach est aussi l’entraîneur, ce qui est souvent le cas, il pourra aussi gérer les allures et sera partie prenante du résultat. Le coach pourra également surveiller la perte de poids du coureur. Il devra aussi alerter l’athlète si ce dernier n’arrive plus à boire ou à uriner. Il sera aussi de bon conseil pour le protéger des conditions climatiques (froid, pluie, soleil). L’athlète et son coach devront se faire confiance. Il est souhaitable de faire des séances d’entrainement sur circuit pour « se caler ».
 
Dans le cadre d’un ultra-trail, le(s)ravitailleur(s) pourra(ont) se trouver sur différents points du parcours. Leur rôle sera tout autant déterminant que sur une épreuve d’ultra de course en ligne ou sur un circuit.
Sur 24h en particulier, accepter d’être coach est une « véritable mission » qui implique de ne pas dormir et d’être toujours attentif à son athlète.