jeudi 10 novembre 2005

100km de Saint Estève (2005)

Compte rendu 100km St Estève.



Pour moi, cela commence en août  2005 ; Anne Cécile et Stéphane Halbaut prennent le départ de l’UTMB à Chamonix. Et pour cette troisième édition, j’ai la chance non pas de les accompagner sur le GR, mais d’assumer le rôle de suiveur… et sur une course comme celle là, ce n’est pas chose facile non plus pour un suiveur. Plus de 300km en voiture entre la  France, l’Italie et la Suisse. Deux nuits au cours desquelles le sommeil fut considérablement perturbé, mais l’immense satisfaction de les voir passer la ligne d’arrivée 36h50 plus tard… Je n’oublierai jamais le plaisir que j’ai eu à les retrouver chacun leur tour sur la piste de ski de Courmayeur au petit matin !

Puis, il y a eu les 100km de Millau fin septembre où Stéphane  avait réussi à obtenir un challenge sympa pour Anne Cécile et lui même ; assumer le rôle de meneur d’allure sur un 100km… Et là encore, j’ai fait office de suiveur, mais à vélo cette fois-ci; un petit bout de chemin avec Stéphane Houbre jusqu’au Marathon bouclé en 3h35 pour lui, avant d’aller chercher l’autre Stéphane pour l’accompagner de Millau à St Afrique et enfin suivre Anne Cécile entre St Afrique et Millau. Bref, une superbe journée pour moi, et un forte envie de m’y remettre !!! D’autant plus que le maître d’œuvre de ce projet de meneur d’allure sur 100km est tout simplement le vainqueur de cette 34ème édition des 100km ; Monsieur Bruno HEUBI ! Un vrai « pro » qui maîtrise le sujet du 100km (double champion du monde par équipe avec l’équipe de France) et un record à 6h50… Bref, une pointure de centbornard mais tout à fait accessible d’un point de vue des relations humaines et qui lorsque vous le voyez dans le reportage à Stade 2 vous démontre que l’on peut et que l’on doit courir un 100km en se faisant plaisir…. Et c’est avec cet état d’esprit que j’ai voulu retenter l’expérience du 100km.
Je décide donc de reprendre l’entraînement, mais pas comme un forcené ; seulement 2 sorties par semaine, et trois si possible. Je recherche sur le site de Bruno Heubi des infos sur les allures d’entraînement que je m’efforce de mettre en œuvre ; je n’ai que cinq semaines pour me préparer car le 100km de St Estève est prévu début novembre. J’en parle à Steph Halbaut, et de suite cela le branche. Anne Cécile, idem…. Ces deux la, plus il y a de bornes, mieux c’est !!!  Et puis il y a eu la sortie club dans le massif de la Gardiole. Et pendant le déjeuner, on propose à Stef Houbre de monter une équipe pour faire ce 100km par équipe ; la, bingo ! Pierre est partant, José également , Romain idem et David aussi … et voilà, une belle équipe de Pérols footing prête à relever le défi. Dès le lendemain de cette sortie club, je m’empresse d’envoyer les inscriptions pour les huit coureurs et prend des réservations pour la Pasta de la veille de course et du couchage au centre du Trèfle à Quatre Feuilles.
Le 4 novembre, le rendez-vous est fixé chez Steph Houbre ; David hélas ne prendra pas le départ de cette « expédition » , mais Steph lui a trouvé un remplaçant en la personne de Alain.
On prend également un copain de Steph Halbaut, Léonard, allias Marcel Millin avec nous pour le voyage. Un gars qui mérite à être connu ; il a fait des choses incroyables en Course à Pied, et a beaucoup de choses à apprendre pour tous ceux susceptibles de se lancer dans la rubrique au delà du 100km…

Nous arrivons à St Estève en soirée ; il nous faut filer à la pasta car nous sommes un peu en retard. Un vent violent ne cesse de souffler, et cela nous inquiète un peu pour la course du lendemain. Pendant la Pasta, on fait connaissance avec des membres du forum d’ADDM et cela me permet de mettre un visage sur des personnes initiées aux 100km avec lesquelles j’échange des messages sur le Net ;les Vincents (Toumazou et Gouzergh), Jean Marc, Régis, Armand…). A la fin du repas, pour la petite anecdote, Anne Cécile souffle ses « trente »bougies sur un gâteau 3 chocolats préparé par Steph pour l’occasion.
La nuit se passe plutôt bien ; je ne suis pas vraiment stressé mais ne dors pas non plus terrible. Il faut dire que le vent a  continué de souffler toute la nuit et s’est seulement calmé  vers 5h30 du mat. Vers 6h45, p’tit dèj pas trop copieux en ce qui me concerne car le départ des 100km est fixé à 8h.

Nous nous retrouvons donc sur la ligne ; 87 coureurs en individuel et 5 équipes dont une équipe féminine. Le départ est donné.

José (premier relayeur de l’équipe Pérols Footing) qui a un peu la pression, décide de suivre Steph qui avait décidé de partir sur des bases de 5 minutes au kilo, soit 12km/h. Pour ma part, je me suis fixé un plan à 5’40 au kilo. Anne Cécile qui n’a vraiment pas eu le temps de cogiter à tout cela décide de me suivre ; personnellement, je sais qu’elle en est tout à fait capable et  ne doute pas que l’on va faire un bon bout de chemin ensemble. La suite me donnera raison.

Le parcours est sympa ; il s’agit d’un aller de 5km entre St Estève et le petit village de Baho, puis d’un retour par le même trajet en sens inverse ; le tracé est légèrement vallonné, mais ce n’est pas la côte de Tiergues ou de Creissels !!! Ce type de tracé que je n’avais jamais rencontré jusqu’alors nous permet de voir tous les concurrents engagés, de suivre l’évolution de la course en tête, de féliciter ou d’encourager à chaque croisement les gars et les filles qui font la course…Et puis avec un marquage au sol tous les km, c’est bien pratique pour savoir où en est !!! Il faut dire que j’ai ma petite bandelette accrochée au short avec tous mes temps de passage programmés tous les 5 bornes avec des écarts pour un temps final compris entre 9h40 et 10 heures.
Dès le premier dix kilomètres, trois gars, dont Régis, décident de se joindre à notre duo (Anne Cécile et moi) ; ils font confiance à notre petite expérience dans le 100km. Comme je leur ai dit plus tard, c’était le bon wagon !!! En effet, devant, c’est parti très fort . Et le danger , c’est de lâcher les chevaux trop vite… Il y aura beaucoup de casse… Rapidement, les premiers nous prennent presque 2 km au tour, mais cela ne me gêne guère car je ne vise pas la victoire… En revanche, je vais me rendre compte par la suite, qu’Anne Cécile et moi avons eu une gestion très régulière de notre course, tout comme Marcel qui se trouve derrière nous, mais qui tournera son 100km comme un métronome…
On enchaîne donc nos portions de 10 km entre 55 et 56 minutes ; à chaque tour, on retrouve les autres relayeurs de l’équipe ainsi que Anne qui assurent la logistique en plus des tours à Vélo pour le rôle de suiveur. Steph passe au marathon en 3h32 ; il est toujours à 12km/h de moyenne. Alain le deuxième relayeur a effectué ses deux tours et a passé le relais à Steph Houbre. Je passe au marathon en 3h55 ; Anne Cécile est derrière à quelques secondes ; on ne se quitte pas ! Nous sommes dans notre rythme. Nos trois compères sont toujours là ; notre petite « équipe » tourne comme une horloge, mais perdra deux de ses acteurs dès le 50ème kilomètre. Nous passons à mi course en 4h38 ; au fait, les premiers ne nous ont toujours pas pris un tour !!! d’ailleurs, seul le futur vainqueur nous prendra un tour vers le 64ème kilomètre et le second de l’épreuve vers le  85ème.

Pour nous, la course se poursuit ; le vent s’est considérablement levé pendant la journée. Il est presque 13h, cela fait bientôt 5 heures que je cours sans interruption et je me sens super bien ; je suis heureux d’en être là et ce dans un tel état de forme. A ce moment là, je me dis que Monsieur Heubi avait raison ; il est possible de faire 100km avec « que du plaisir »… 
Hélas, je n’irai pas jusqu’aux 100 comme cela ; dès le soixantième km, je commence à avoir un peu mal aux cannes. Et il en reste encore 40…. Je sais qu’il me faut aller jusqu’au 80 pour être sur d’aller au bout… Alors, je cherche les ressources mentales pour y parvenir. Anne Cécile aussi « pêche » un peu, mais ne craque pas pour autant. Nous essayons toujours de garder le même rythme de 55 ou 56 minutes au tour… qui en réalité s’effectuent plutôt entre 57 et 58 minutes à ce moment là de la course.
On passe, Anne Cécile et moi, le km 75 toujours ensemble ; Romain le quatrième relayeur de l’équipe a déjà bouclé ses deux tours et Pierre est sur le point de terminer la course. Pour l’équipe, ce sera un très bon chrono de 7h40 à l’arrivée et une belle place de troisième sur le podium.
Km 78 : je me demande si je ne vais pas devoir m’arrêter ; j’ai la sensation que parfois mon genou droit se dérobe… Heureusement, cela ne durera pas et je vais entamer mon avant dernier tour ; je décide de prendre le lecteur MP3 avec les musiques que j’écoutais à chacune de mes sorties longues ; histoire de me donner du moral, du rythme, et ne pas trop penser à mes jambes qui deviennent de plus en plus douloureuses. Vers le km 83, première crampe !!!  J’arrive à la faire passer très vite en ajustant la foulée et me dis qu’au prochain passage, je dois impérativement enfiler le caleçon long pour garder la machine au chaud. Le soleil doit se coucher se soir là à 17h35…

Km85, je rattrape Steph ; Anne Cécile est à environ 1 à 2 minutes derrière. Steph et moi faisons nos 5km ensemble, et il me dit « Moi, je marche un peu dans les  bosses »… A ce moment là, il en faut peu pour ne pas tomber dans le panneau… Alors, je décide dès la bosse de « marcher un peu »… Pour moi, ce ne sera qu’une vingtaine de mètres en tout et pour tout.

Non mais ! J’ai pas couru 86 bornes non stop pour commencer à marcher maintenant !!! J’attends pas le sommet de la bosse, je repars de suite ; et Steph fait de même. Nous passons les 90 avec trois minutes d’avance sur Anne Cécile. Les deux premiers sont arrivés en 8h08 et 8h24.
Là comme prévu je demande à notre logistique mon caleçon long … et ce qui devait arriver, arriva…. Quand tu plies ta jambe après 90 bornes, pour enfiler un caleçon ; qu’est-ce-qui t’arrive, je te le mets dans le mille….UNE CRAMPE !!!! Heureusement Romain et Stéphane Houbre me filent un sérieux coup de main afin que je puisse finir de l’enfiler jambes tendues.

Avec Steph Halbaut, on décide d’attendre Anne Cécile afin de faire notre dernier tour ensemble, et de finir la course ensemble. A vrai dire, on l’a pas vraiment attendu car elle est arrivée à notre niveau de suite…. Et nous voilà partis tous les trois pour le dernier tour. Je demande (j’exige quasiment) à Steph Houbre un suiveur vélo pour ce dernier tour ; j’en ai besoin pour le mental d’autant plus que j’ai posé le MP3 à la voiture. Steph s’exécute et nous accompagne ; et là, jusqu’au 95 ème, « j’en chie »… Steph veut rentrer sous les 9h30, et je le comprends, on a pas beaucoup de marge, mais c’est faisable… Alors je suis juste derrière Steph et Anne Cécile et je vais chercher au fond de moi ce qui me permet de ne pas les lâcher… Bref, je suis à ce moment là, un « suceur de roue »…

Pour les 5 derniers, je reprends la tête dès la première bosse ; on est toujours dans les temps pour 9h30… Je creuse un petit écart mais comme je le dis à Steph qui est à vélo, je les attendrai dans le dernier km, mais c’est moins dur pour moi d’être devant que derrière à leur lécher les baskets… Km 98 : Romain et Pierre arrivent en courant à notre rencontre ; putain ça fait du bien de vous voir là les gars… Km 99 : c’est José qui nous attend… Et voilà ; moins de 500 mètres, je trottine , Anne Cécile et Steph me rattrape et on passe la ligne ensemble en 9h29… Trois centbornards de Pérols Footing en moins de 9H30… Elle est pas belle la vie !

Marcel (le métronome) finira une heure plus tard en 10h31.

Nous sommes ravis, on va se restaurer, se changer, échanger avec d’autres coureurs qui en ont terminés… Bref, on va partager avec celles et ceux qui ont participer à la fête…avant de reprendre les voitures pour rentrer à Pérols.

Je n’ai pas atteint mon objectif : me faire plaisir pendant 100km ; Je n’ai connu cela que pour les 60 premiers…et une fois la ligne d’arrivée passée. Peut être qu’avec un peu plus d’entraînement ! Mais pas trop non plus…
Merci à tous ceux de l’équipe, ainsi qu’à Anne pour leur soutien et leur dévouement.
Merci à Steph Halbaut, Merci à Anne Cécile avec qui je compte bien faire d’autres 100km.
Peut être que ce petit compte rendu de course donnera l’envie à d’autres de se lancer dans l'aventure de la course longue distance!

Emmanuel FONTAINE